Voici en résumé de l'un des plus beaux voyages que nous ayons fait à ce jour.
Paysages grandioses, animaux sauvages, autochtones très accueillants et sympathiques, météo du Grand-Nord, tout y était !!!

La ville est digne des villes du Far-west avec ses façades et ses trottoirs en bois, mais c'est surfait et très axé tourisme avec ses paquebots qui débarquent des milliers de personnes dans l'unique rue commerçante faite de magasins de souvenirs et de bijoux... Comme la météo n'est pas très favorable, et après une petite balade le long du Pacifique, nous décidons de rentrer sur Whitehorse le jour même en prenant le chemin inverse. Nous faisons un nouvel arrêt à Carcross pour visiter "le plus petit désert du monde".

Nous passons donc le White Pass, col à la frontière des USA. Le passage est impressionnant. La voiture est filmée de tous côtés, passe dans un portail servant probablement de scanner et nous, on nous scanne les 2 mains et on nous prend en photo. On nous donne un visa provisoire de 3 mois moyennant 6 $US / personne ! Nous continuons notre route en traversant des paysages grandioses pour redescendre à Skagway, ville de l'Alalska et lieu de départ de la ruée vers l'or à la fin du XIXème siècle.

Il s'agit d'un 4x4, ce qui nous sera bien utile parfois ! La météo est incertaine mais la température est relativement douce (environ 10°C). Nous partons plein sud et faisons étape à Carcross. Notre but est de rejoindre Skagway en Alaska le lendemain et de revenir sur Whitehorse. Nous dormons sur une place du village.

Jour 2 - 278 km :

Petits soucis dans le camping-car comme une fuite d'eau qui mouille la moquette et un chauffage à soufflerie très bruyant qui nous oblige à mettre des bouchons d'oreille et ce jusqu'à la fin du voyage. Dommage car dehors c'est le silence absolu.

Jour 1 - 72 km :

Départ à 4h00 pour rejoindre en voiture l'aéroport de Francfort en Allemagne. Nous arrivons vers 9h00 au parking. Navette jusqu'au terminal et décollage à 11h20. Nous volons plein nord sur l'ouest de la Norvège puis bifurquons vers l'ouest.

Nous traversons le Groënland puis les îles du Grand Nord canadien, l'océan Arctique avant de redescendre plein sud sur Inuvik puis enfin Whiterhorse. Nous arrivons à 11h40 locale dans la capitale du Territoire du Yukon. Il y a 9h00 de décalage horaire. La navette du loueur de camping-car passe nous chercher comme prévu et à 13h00, nous repartons avec notre Camper Dodge, un monstre de 6,50 m de long et 3,50 mètres de hauteur et pesant 4,5 tonnes.

Nous dormons sur un parking de la ville de Whitehorse.

Jour 3 - 160 km :

Après une petite balade dans la nature où nous voyons un couple d'aigles royaux, un pygargue à tête blanche et la maison du castor, nous nous rendons chez le loueur afin de régler le problème de fuite. Du coup, nous ne reprenons la route qu'en fin de matinée. Nous prenons la Alaska Highway jusqu'à Haines Junction, petite bourgade et porte du National Park de Kluane. Quelques averses viennent ponctuer la journée mais de belles éclaircies se développent. Nous traversons la jolie rivière Takhini puis traversons un petit village des "Premières Nations" (indiens) se nommant Champagne ! Arrivés à Haines Junction, nous ravitaillons à l'épicerie du village et visitons la maison du parc. Nuit en camping.

Jour 4 - 75 km :

Après avoir pris RDV chez SiftonAir pour un tour d'avion le lendemain, nous prenons la direction du lac Kathleen puis du lac Dezadeach.

Petite balade au glacier de roches. Puis l'après-midi, rando qui nous mène au lac St-Elias. Les couleurs d'automne sont magnfiques et c'est en arrivant près du lac que Sylvie repère un lynx qui s'évanoui très rapidement dans les fourrés et donc pas de photo possible, dommage ! Le soir, nous passons la nuit dans un camping gouvernemental au bord du grand lac dezadeach.

Jour 5 - 150 km :

Nous nous rendons à l'aérodrome sous un ciel couvert malgré quelques éclaircies au loin. Nous ne sommes pas sûrs de prendre l'air mais le pilote est confiant et nous invite à monter dans son petit coucou. C'est notre premier vol dans ce type d'avion et je stresse un peu... Décollage et, et... peu de mots existent pour décrire ce que nous voyons. C'est grandiose, fantastique, exceptionnel !!! Nous survolons la plus grande surface glaciaire au monde, si on excepte les 2 pôles, sous un soleil éclatant. On aperçoit au loin le mont Logan et ses 5985 m.

On fait du rase-motte au dessus des crevasses des glaciers... c'est quelque chose ! 1 heure c'est trop court... A la descente, on se fait une petite balade en forêt avant de reprendre la route en direction du lac de Kluane, le plus grand du Yukon (3 fois le lac Léman). On "visite" un ancien village de chercheurs d'argent, Silver City, puis sur un petit chemin chaotique, nous rejoignons le lieu de la rando du lendemain...

Jour 6 - 85 km :

Départ à 8 heures sous un magnifique soleil mais avec -2°C. Nous voulons atteindre le mont Sheep (mouflon en anglais) à 1996 m d'altitude avec + 1300 m de dénivelé. Au départ du sentier, une jolie plaque nous signale qu'une dame s'est fait bouffée en 1996 par un jeune mâle grizzly !!! Sympathique... nous sommes donc sur nos gardes !Nous arrivons au sommet pour manger en surplombant le lac Kluane et une harde de mouflons de Dall, tout de blanc vêtu... Puis descente par le même chemin ou presque puisqu’en voulant couper, nous nous retrouvons dans des buissons plus hauts que nous et très touffus... alors nous chantons à tue-tête pour signaler aux éventuels ursidés que des humains sont dans le secteur ! Mais rien, hormis une empreinte ancienne de cet animal sur le sentier. Arrivés au parking, on tape la discute avec un jeune couple de québéquois. Nous reprenons la route de l'Alaska jusqu'à un belvédère de la rivière Kluane. Nous dormons sur un parking en bord de route, où nous sommes rejoints par un de ces gigantesques camping-car gros comme un bus. Et pour fabriquer son électricité, il fait tourner son moteur toute la soirée... super !

Jour 7 - 350 km :

-5°C ce matin... grosse étape sur une Alaska Highway bien défoncée par la fonte du permafrost (sol gelé toute l'année). On passe à Beaver Creek (ruisseau du castor), petit village où il n'ya rien, à peine de quoi acheter une boîte de conserve ! Puis nous retraversons la frontière américaine avec les mêmes systèmes de sécurité que précédemment. Nous traversons des paysages de lacs, marécages jaunis par l'automne, sur fond de hautes montagnes... c'est, comme d'habitude, grandiose. Nous arrivons enfin à Tok en Alaska. Comme dans le Yukon, l'agglomération ne ressemble à rien : une grande artère, très large, avec quelques maisons et magasins... Nous visitons un Gift Shop (magasin de souvenirs) où nous pouvons acheter toutes sortes de fourrures, de la peau de castor à la peau de grizzly, en passant par le lynx et le loup... Comme nous voulons éviter au maximum les campings, nous trouvons une petite place vers un lac, un peu à l'écart de la route, dans un sanctuaire pour orignaux, alors nous espérons en voir...

Jour 8 - 300 km :

La météo est toujours très bonne malgré les -2°C. Pas d'orignal... Nous reprenons la route de la veille pour rejoindre la Taylor Highway qui nous ramène au Canada. En route, nous voyons beaucoup de chasseurs organisés en camps. Ils sont tous équipés de quads et partent chasser l'orignal et le caribou. Malheureusement, les forêts qui longent la route ont été dévastées par des incendies pour la plupart naturels (foudre). Au détour d'un virage, un joli renard roux nous regarde passer...

Plus loin de gros travaux de rénovation de la route (celle-ci a été emportée par des pluies diluviennes au printemps) nous obligent à attendre le véhicule pilote. Comme au Canada, dans les zones de travaux routiers, nous sommes escortés par une voiture pilote. Arrivés à la frontière canadienne, nous empruntons la "Top of the World Highway" (la route du sommet du monde). C'est une route de crête de 100 km qui ressemble à la route des crêtes des Vosges mais en beaucoup plus grand ! Elle nous permet de rejoindre le fleuve Yukon, que nous traversons avec un traversier, et la petite ville de Dawson City, probablement la plus jolie du Yukon. Petit repas dans un resto de l'époque de la ruée vers l'or, puis soirée spectacle au casino !

Jour 9 - 150 km :

Pas de gel ce matin (1°C) mais toujours un soleil radieux. Après une visite de la ville en matinée (beaucoup plus authentique que Skagway) et quelques courses, nous partons voir la drague n°4. Celle-ci a détruit la vallée du ruisseau Bonanza afin de récupérer l'or qui s'y trouvait. La vallée offre un spectacle de désolation... Enfin, nous arrivons au croisement de la Dempster Highway.

Cette piste de 1500 km aller / retour constitue un voyage à part entière. D'ailleurs les locaux nous disent : "have a nice trip" soit "faites un bon voyage !". Elle mène à Inuvik, ville des Territoires du Nord-Ouest qui se situe au-delà du cercle arctique et à 200 km au sud de l'océan Arctique. Elle traverse une variété de paysages tous aussi grandioses que sauvages et la neige peut y être présente à cette époque. Nous avons du ravitaillement pour 4 jours. Nous montons donc vers le nord jusqu'au Parc Territorial de Tombstone. La piste est souvent parsemée de trous et ça secoue un peu... ce n'est que le début. Nous stoppons au km 56 au départ d'une randonnée. Nous y passons la nuit.

Jour 10 - 58 km :

C'est toujours la douceur avec 1°C et le soleil est bien présent. La rando doit nous emmener en direction du lac Grizzly (pas très rassurant !). Grosse et longue montée sur une crête ronde et large. Les paysages sont sublimes et à 12h, nous stoppons car le lac est encore loin. Il est niché au milieu de pics acérés. Nous sommes de retour à 16h00. Un couple de jeunes québequois nous rejoint au parking. Ils ont fait une boucle de 5 jours dans les environs et sont ravis même si les ampoules font souffrir ! Ils ont pu voir les aurores boréales la veille... nous les avons donc ratées à Dawson, dommage !

Nous reprenons la route jusqu'au lac Chapman. Nous sommes en pleine taïga.

Alors que nous mangeons confortablement, soudain, un hurlement... puis d'autres... le loup ! Une émotion nous envahi. Ca ne dure pas très longtemps mais c'est magnifique. Il remettra ça un peu plus tard. Le soir, le ciel est clair alors je décide de veiller en attendant les éventuelles aurores boréales qui apparaissent aux alentours de minuit, mais rien de rien...

Jour 11 - 440 km :

Nous sommes réveillés très tôt par le froid qui envahit la pièce... le chauffage s'est arrêté pendant la nuit. Les carreaux sont givrés à l'intérieur... le lac Chapman fume ! Il fait -7°C. Les couleurs au-dehors sont magnifiques. Aujourd'hui, une longue étape nous attend. On traverse des paysages grandioses, d'une immensité exceptionnelle. Taïga puis toundra, crêtes, vallées, lacs puis une gorge : la piste est recouverte de boue et le camping-car va un peu dans tous les sens. J’enclenche donc les 4 roues motrices pour sortir plus facilement de ce passage. Plus tard, on passe le cercle arctique. On discute avec un indien en balade, qui nous dit qu'il a vu un grizzly à quelques kilomètres. On ouvre grand les yeux mais la seule trace de l'animal est une belle crotte posée sur la route. Enfin, en fin d'après-midi, on arrive au col qui marque la limite du Yukon avec les Territoire du Nord-Ouest.

Les paysages changent lors de la descente vers la rivière Peel que l'on franchit sur un traversier. On campe un peu plus loin après une bien longue journée de piste...

Jour 12 - 185 km :

Ce matin, la température s'est radoucie (3°C) mais le ciel s'est couvert... on repart en direction de Fort Macpherson. On reprend à nouveau un traversier pour traverser la rivière Rouge Arctique et le fleuve Mackenzie. Celui-ci est à cet endroit très large. Puis la piste nous conduit tranquillement au belvédère du lac Campbell. C'est dans ce très bel endroit que nous prenons notre première averse de neige !

Encore quelques kilomètres et nous sommes à Inuvik.

Tous les campings et offices de tourisme sont fermés. Nous sommes dans l'impossibilité de ravitailler le véhicule en eau et vidanger les réservoirs d'eaux sales. Nous nous renseignons dans une station essence et un client nous invite à le suivre jusqu'à une "dump station" pour vidanger. Il nous dit de le suivre jusque chez lui pour ravitailler en eau. Il est propriétaire d'un lodge et nous propose de s'installer sur son terrain... moyennant finances... C'est Olaf, un norvégien marié à une suissesse allemande. Ils ont du personnel québequois, irlandais et australien pour s'occuper d'une cinquantaine de chiens de traineau.

La ville est moderne mais moche ! Il n'y a rien de particulier à faire. J'avais prévu de rester 2 jours mais finalement. Nous ne resterons qu'un seul...

Jour 13 - 20 km :

Le temps ce matin est neigeux. La température ne dépasse pas 0°C en journée. On visite, on fait des courses et on se balade un peu autour de la ville. La ville est industrielle (puits de gaz) et moderne mais c'est mortel alors on fait passer le temps sous les fréquentes averses de neige. C'est aussi l'occasion de se reposer un peu avant le retour et 2 longues étapes.

jour 14 - 540 km :

Lever matinal et départ de nuit. Il fait -1°C et la route est recouverte d'une fine couche de neige. Je roule doucement, ne sachant pas comment réagit un véhicule à boîte automatique sur la neige.

Entre les averses de neige, quelques éclaircies apparaissent. On repasse les rivières avec les traversiers et on s'arrête à fort Macpherson pour ravitailler en gas-oil. la température descend en montagne à -2°C. Une côte raide et enneigée nous ramène dans le Yukon. Là, un routier chaine les roues du tracteur et mets des pneus neige à la remorque, afin de descendre la côte que nous venons de monter. Là il nous signale qu'un grizzly est passé il y a peu. En effet de belles empreintes tapissent la neige. Nous repartons. Lors du passage d'un pont, je vois furtivement en contrebas de la route à environ 300 m, une masse noire qui s'échappe à notre passage : il s'agit d'un ours noir de grande taille. Je freine, mets la marche arrière mais plus rien. Dommage ! Toujours de magnifiques paysages malgré les nuages et dans l'après-midi lors d'un arrêt photo, panne ! Je ne peux plus redémarrer, ni retirer la clé de contact... problème, nous sommes à 200 km du premier garage et rien pour prévenir. Après 20mn sans qu'aucune voiture ne passe, et de nombreuses tentatives de démarrage, le moteur repart, ouf... mais je ne dois plus couper le moteur sous peine de nouvelle panne. On roule comme ça jusqu'à la nuit et on se pose dans un camping non gardé. Je dois laisser les clés sur le moteur pendant la nuit mais ici pas de voleur ! J'ai quand même trouvé un truc pour redémarrer sur une position du levier qui normalement ne doit pas servir au démarrage mais on s'en fout... ça marche.

jour 15 - 320 km :

Il fait ce matin -5°C. La piste est plus ou moins enneigée et à peine 15 mn après le départ, j'aperçois à la lisière de la forêt 2 ours, 2 grizzlys, la mère et son petit déjà grand tout de même... c'est magnifique ! On s'arrête à leur niveau. Ils ne paraissent pas effarouchés ni agressifs mais on reste dans la voiture pour les mitrailler de photos ! Après 10mn, on les laisse tranquille pour qu'il puissent continuer à chercher leur nourriture sous la neige. Et miracle, la voiture ne pose plus de problème, c'est une belle journée qui s'annonce ! Ça ne dure qu'un temps puisque vers 11h, un bruit bizarre apparait... crevaison à l'arrière droit. Alors on cherche le cric quelques temps avant d'essayer de l'installer sous la voiture. Mais ce n’est pas comme chez nous. Je le place sous le châssis mais il ne lève pas assez haut et la roue touche toujours le sol. Alors on trouve un caillou plat que l'on place sous le cric et c'est reparti mais toujours pas assez haut ! Et enfin une voiture s'arrête : il s'agit de touristes allemands. Et c'est la fille du couple qui trouve la solution pour que le cric fonctionne... la honte pour les mecs !

Après 1h30 d'efforts et de chaleureux remerciements, on rejoint un parking pour le repas. L'après-midi, je me lance seul dans l'ascension du sommet Goldensises toujours sous des averses de neige. Mais après une heure de montée dans un terrain peu stable et mal tracé, je perds la trace qui mène au sommet. alors je redescend prudemment dans des schistes enneigés. On reprend la Dempster Highway et on en sort vers 17h30. On remet un peu de gas-oil (cher) dans une station puis on reprend cette fois-ci la Klondike Highway vers l'est. Peu de temps après, une jeune femme nous fait de grands signes au bord de la route. Elle est en panne de batterie. Avec ses câbles, nous remettons son moteur en route et continuons notre chemin. Le jour diminue et là au bord de la route, 2 orignaux paissent au bord de la route. Pas le temps de saisir l'appareil photo... ils sont déjà dans la forêt. A la nuit tombante, nous nous installons à l'écart de la route sur un belvédère surplombant la rivière Stewart.

Jour 16 - 130 km :

Les éclaircies sont aujourd'hui plus nombreuses mais les températures sont hivernales : - 4°c le matin et -2°C en journée. Nous partons en direction de Mayo où nous ravitaillons, lessivons, vidangeons et faisons réparer le pneu crevé chez un garagiste plutôt original... puis nous rejoignons la "ville" minière de Keno City, en fait un village avec ses vieilles maisons de bois plus ou moins abandonnées. Nous faisons une petite visite l'après-midi du village et décidons d'aller prendre un verre dans le café du coin. On demande une bière mais le patron n'a pas de licence pour l'alcool. Après consultation d'un client, il nous nous offre de la bière de sa réserve perso ! S'en suit une discussion avec lui et un de ses clients. Le patron est italien et est installé à Keno depuis 15 ans. Le client est du Manitoba mais parle bien français avec l'accent québequois. C'est un personnage haut en couleur et poète à ses heures. Il fait des carottages pour des géologues chargés de trouver des minerais plus ou moins précieux. Ils sont seulement 6 à vivre là à l'année... Finalement on décide de manger une pizza dans ce bistro.

Jour 17 - 290 km :

Temps hivernal avec -6°C le matin et -4°C l'après-midi. Petite balade en direction de mines puis nous repassons à Mayo pour rejoindre la Klondike Highway. Entre-temps un orignal femelle nous coupe la route puis c'est au tour d'un porc-épic...

Nous passons à Stewart Crossing puis Pelly Crossing avant de longer à nouveau le fleuve Yukon. Il neige bien et la route se recouvre d'une pellicule de neige. Nous nous arrêtons aux rapides de Five Fingers (cinq doigts) comme les 5 rochers plantés au milieu du fleuve. Petite balade dans la neige. C'est là qu'au début du XXème siècle, un bateau, le Columbia, transportant du minerai et de nombreux passagers à fait naufrage... environ 300 morts ! Au-dessus de nos têtes passent de nombreuses grues du Canada, en pleine migration.

Nous nous arrêtons à Carmacks pour dormir.

Jour 18 - 170 km :

Les rayons du soleil embrasent le Yukon qui coule à côté de nous. 0°c ce matin et 5 cm de neige ! Mais elle disparait petit à petit au fil de la route et la température remonte à 7°C quand nous arrivons à Faro au terme de notre étape. Ici tout est fermé : la station d'essence a disparu ce qui risque de nous poser de sérieux problèmes pour continuer le lendemain. Après renseignement auprès de la police montée royale du village, nous trouvons quand même une petite épicerie ouverte le dimanche où l'on se ravitaille mais c'est le strict minimum...

L'après-midi également, une petite balade nous emmène aux chutes de Van Gorder. Rien d'extraordinaire mais sympathique... Nous souhaiterions rester un peu plus longtemps dans le village mais le camping où nous nous sommes installés ferme ses portes dès le lendemain. Il s'agit d'une ancienne ville minière. Un habitant nous raconte que la mine a fermée il y a dix ans. Tous les immeubles se sont vidés et sont à l'abandon. Sur 2000 personnes, ne restent plus que 300 habitants l'été et seulement 150 en hiver. Lui est là pour surveiller l'évolution des galeries minières.

Jour 19 - 370 km :

-7°C ce matin. C'est la matinée de tous les "dangers" avec le fort risque de panne de gas-oil. Nous avons 73 km à faire avant la prochaine station et le voyant s'est allumé rapidement. A 80 km/h, on consomme 17 à 18 l/100 alors je roule à 60 pour essayer d'atteindre Ross River sans encombre... on stresse pas mal. Plus que 20 puis 10 km... on avance toujours et enfin la pancarte du village, mais il nous faut trouver la station... ça y est, on y est !!! On remplit le réservoir avec 130 litres de GO. On peut donc repartir tranquille mais dans quelle direction ? On hésite... le chemin prévu et le plus court passe par la Canol Highway mais celle-ci n'est plus entretenue pour la saison par les services de l'Etat. Elle passe par la montagne et peut être enneigée. De plus la fréquentation est minimum. On tente sur une quinzaine de kilomètre et puis finalement, on rebrousse chemin... On passera par la Robert Campbell Highway théoriquement plus fréquentée mais avec un détour de 400 km ! La météo n'est pas super : brouillard et petite pluie. Mais cette route se réduit finalement sur une seule voie. Pas gênant car nous ne rencontrons qu'une demi-douzaine de voitures dans l'après-midi. Nous campons au bord du lac Simpson.

Jour 20 - 350 km :

Nous ne sommes plus qu'à 80 km de Watson Lake et des routes goudronnées, mais nous ne sommes pas au bout de nos peines. En effet, après quelques kilomètres de piste, des travaux gigantesques de réfection de la route sont en cours. La piste se transforme en un champ de labour. J’enclenche donc les 4 roues motrices et me lance... pas longtemps ! La voiture se pose sur la boue et s'embourbe. J’arrive tout de même à reculer. Au loin, un employé à vu la manœuvre et arrive avec son Caterpillar à chenilles. Il se place devant moi et me dit avec un grand sourire qu'il va nous faire traverser la zone. Il nous attache donc avec une chaîne et nous tracte jusqu'à ce que le terrain soit plus dur. Ca balance à gauche, à droite mais ça passe... après nos remerciements on repart sur une piste plus dure mais toujours très boueuse et un poids lourd qui arrive en sens inverse s'arrête au-dessus d'une côte pour nous laisser passer, sachant qu'on tient toute la route pour grimper ! Lui aussi devra traverser la zone : bon courage ! On arrive enfin à Watson Lake où une pose s'impose : il y a en effet ici une curiosité unique : la "Signpost Forest", la forêt de panneaux. En effet, en 1942, un soldat américain qui construisait l'Alaska Highway a déposé un panneau indicateur avec le nom de son village et les kilomètres qui les séparaient. Depuis les voyageurs font de même et en 2005, 500000 panneaux décoraient le lieu !

Après le repas, nous reprenons la bonne route goudronnée jusqu'au lac Teslin où nous posons le camping-car. Là, plusieurs tetras du Canada se baladent et les mâles font la cour aux dames... sympa !

Jour 21 - 250 km :

C'est notre dernier jour de route. Nous avons retrouvé des températures et des couleurs d'automne. Théoriquement plus de surprise jusqu'à notre arrivée à Whitehorse sauf un jeune orignal mâle qui stationne en bord de route. J'ai le temps de m'arrêter et de le photographier : splendide !

Puis on s'arrête peu avant Whitehorse au Canyon Miles. Petite promenade puis on entre en ville...

Au programme, quelques courses, la vidange et surtout le nettoyage du Camper et il y a du boulot !

Mais également, préparation des sacs et des valises pour le départ du lendemain. Nuit sur parking.

Jour 22 - 5 km :

Réveil à 7 h pour boucler les valises, finir le ménage et vidanger les réservoirs. On arrive à l'agence à 9h45. Leur navette nous emmène à l'aéroport pour 10h30. Enregistrement des bagages. Passage des contrôles et puis décollage en direction de l'Alaska à 13h15 avec 20 mn de retard. On survole une zone de forêt encore en feu puis on arrive à Fairbanks à 14h30. Escale de 2 h avec contrôle des passeports, scan des mains et photo ! Décollage à 16h30. On avance les montres de 9h00 ce qui fait 1h30 du matin à Francfort pour un atterrissage à 10h45. Nous repartons vers 12h30 en voiture via Strasbourg, Mulhouse, Belfort. Nous arrivons enfin, épuisés mais contents, à 19h00...

BILAN :

Ce fut un magnifique voyage qui nous laissera des souvenirs impérissables. Mais, l'idéal aurait été de le faire 15 jours plus tôt pour bénéficier des couleurs d'automne sur la route Dempster. Malgré quelques petits soucis de véhicules, nous avons apprécié les services de l'agence Fraserway pour la location. Nous avons réservé le véhicule par l'intermédiaire de la Fédération Québequoise du Camping et Caravaning ce qui nous permis d'économiser quelques euros.

Côté faune, un seul regret : nous n'avons pas vu la queue d'un caribou, mais le hurlement du loup fut fabuleux ainsi que la vue furtive d'un lynx et d'un ours noir. Les musts ont été les grizzlys et les orignaux. Beaucoup d'écureuils et de picas (mini marmottes), et quelques magnifiques pygargues à tête blanche.

Autre regret : nous n'avons pas vu d'aurores boréales mais ça, c'est de notre faute puisque nous aurions pu en voir à Dawson...

D'autre part, il faut faire une croix sur la bonne bouffe. Tout y est insipide. Beaucoup de chimique dans l'alimentation et en plus c'est cher ! Mais c'est l'Amérique...

C'est un voyage que je conseille à tous si vous aimez l'aventure, toute relative, dans les contrées sauvages. A noter que l'accueil des canadiens est excellent y compris à la douane !

Le Yukon (grand nord canadien) - Septembre 2010